Page:Tinayre - L Oiseau d orage.djvu/30

Cette page a été validée par deux contributeurs.

des juliennes, des grandes marguerites épanouies d’hier. C’était Mai, le mois d’amour, le mois des orages.

— Monsieur Demarcys ! dit une voix.

Jean se redressa pour saluer madame Chaumette, qui était venue s’appuyer au rebord extérieur de la fenêtre. Elle était nu-tête. Son peignoir blanc formait une harmonie douce avec le fond du verger fleuri, de linges pâles, de ciel voilé.

— Je vous rapporte votre livre, dit-elle en tendant au jeune homme un volume qu’elle tenait. Quelle singulière littérature !

Jean feuilleta le roman, qui portait ce titre :

Un double Amour, puis il le posa sur la table.

— Vraiment, cet innocent badinage vous a scandalisée, chère madame ?

— Innocent badinage ! Vous êtes indulgent. Je trouve ce livre très immoral et… très faux.

— Pourquoi ?

— Parce que… — elle hésitait, n’osant dire sa pensée tout entière — parce qu’une femme