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sincère, et, au court moment de trouble qui me fit craindre une nouvelle et sérieuse passion, succéda une sérénité sans nuages. Et cet amour même que j’avais entrevu, dégagé de tout élément sensuel, était moins l’amour qu’un culte d’artiste pour une incarnation de beauté physique et morale. Si j’avais profondément, violemment souhaité de posséder Hélène, aurais-je, malgré sa propre sagesse, malgré mes résolutions, renoncé à la chance de possession qu’offre toujours l’intimité d’une femme ? Mes caprices, mes aventures ne m’avaient laissé près d’elle aucun remords. Hélène, certaine de n’avoir rien à craindre, défendue par son amour, avait encouragé une amitié dont elle avait nettement déterminé les droits et les limites. Je ne pouvais rien lui reprocher, rien, même ses mensonges qu’une nécessité plus forte que sa volonté excusait suffisamment.

Comme tout ce passé m’apparaissait pur et doux, à travers la mélancolie de l’heure présente !

L’évolution de mes sentiments datait seule-