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— Oh ! dit-elle, me le reprochez-vous ?

Sa tête était tout près de la mienne… Une idée folle me traversa l’esprit… Si Lauten ne m’avait pas précédé dans la vie de cette femme ?… J’étais sûr maintenant qu’elle n’était pas impeccable… Mon amitié d’alors était si proche de l’amour ! Une colère me prit, contre elle, contre moi-même, contre Lauten, contre la destinée qu’on ne recommence pas. Je me sentais bouleversé par sa présence. Ses beaux yeux même, fixés sur moi avec une anxiété touchante, ne m’attendrissaient plus. Je n’éprouvais ni l’adoration ardente, ni la tendre folie de l’amour vrai ; mais tous les ferments mauvais que peut soulever le désir, une jalousie rétrospective, la rancune d’avoir été dupé, remontèrent à la surface de mon âme…

Cette femme, que j’avais respectée comme l’image vivante de la loyauté et de la pudeur, elle m’avait trompé pendant des années ; peut-être me trompait-elle encore ?

Je la vis soudain près de moi, telle que