Page:Tinayre - L Oiseau d orage.djvu/282

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sait si j’étais tombé naïvement dans le piège que composaient, comme autant de réseaux multiples, ses attitudes de reine virginale, l’habile réserve de ses propos, son aversion avouée pour les compliments. Jamais femme n’avait pratiqué avec ce tact délicat, ce souci de la vraisemblance, ce naturel dans l’expression, l’art complexe de se recréer dans un personnage factice et vrai tout ensemble.

Cependant, j’excusais Hélène, je comprenais la nécessité de cette dissimulation qui jetait malgré moi une lueur trouble sur notre passé d’amis. Elle s’en était si humblement excusée ! elle avait tant protesté de la violence qu’elle avait dû se faire pour me tromper chaque jour un peu ! L’ordre de Lauten, à cet égard, était formel, et j’approuvais cette prudence de ne pas vouloir de confident.

Mais je me trouvais, à distance, un peu naïf, un peu ridicule ; il me semblait qu’ils avaient dû rire quelquefois de mon rôle d’admirateur platonique et cette crainte me piquait au vif.

— Comment, me disais-je, me fier jamais à