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berçant son désespoir de femme comme un chagrin d’enfant.

Dans l’appartement, des portes battirent, des domestiques circulèrent. C’était l’heure où M. Beauchamp revenait de la Chambre. Nous ne pouvions rester ainsi. Mais je ne devais pas songer à quitter Hélène. Son regard de suppliante me retenait. Il fallait prendre un parti :

— Chère amie, lui dis-je alors, vous ne pouvez rester seule… Il faut absolument une diversion à votre douleur et nous la trouverons dans votre douleur même. Venez avec moi. Je vous emmène jusqu’au soir. Nous irons loin, dans un quartier où nous serons inconnus. Et là, tout à votre aise, vous me parlerez de votre peine… et de celui que vous aimiez.

Elle me regarda avec une douceur infinie :

— Ah ! dit-elle, que je vous aime d’être si bon !