force de volonté presque invraisemblable, telle que ses amis les plus intimes n’en avaient rien deviné. Elle avait connu des félicités de toute espèce, mêlées d’angoisse et de remords. Elle ne regrettait rien… Elle ne s’innocentait pas… Elle aurait voulu être morte…
… Depuis un moment, elle ne parlait plus. Elle pleurait doucement, presque appuyée sur mon épaule, dans un mouvement involontaire qui semblait demander protection. Je ne l’interrogeais pas ; je n’essayais pas de la consoler. Je regardais sa vie ; je voyais sa jeunesse pleine d’espérances stériles, sa vieillesse pleine de stériles regrets. Entre la solitude du passé et la solitude de l’avenir, ces pauvres années de bonheur « taciturne et toujours menacé » m’apparaissaient comme un Eden où ne rentrerait plus l’infortunée. Que faire ? hélas ! que dire ?… Je ne pouvais rien pour soulager sa misère, rien que lui faire sentir la douceur fidèle de ma pitié : je lui prodiguai cette pitié, sans restriction ni mesure, accumulant des preuves d’estime qu’elle ne demandait pas,