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Lauten. Le premier lui était cher par sa loyauté, son esprit de vieil artiste un peu bohème, son admiration naïve pour tout ce qu’elle faisait, disait ou voulait. Mais Morbrandt avait cinquante-cinq ans, trois enfants d’une vieille maîtresse qui l’avait abandonné depuis dix ans, le goût de la pipe et un complet mépris pour les « cheveux coupés en quatre ». Il désignait ainsi tout un ensemble de théories sentimentales chères aux femmes et qui ne laisseront jamais indifférents les esprits curieux du problème de l’amour. Je ne pouvais, sans rire, imaginer Hélène éprise de Morbrandt.

J’avais des données moins précises en ce qui concernait Lauten. Il était jeune, celui-là, et certains pouvaient le dire séduisant par cette même hauteur mélancolique que je trouvais simplement bourrue. Mais savons-nous jamais pourquoi un homme plaît ou déplaît aux femmes ? Lauten avait pour lui l’étrangeté de son caractère, ses défauts même qu’une âme éprise transformerait en autant d’originalités ;