de ce songe dans la réalité d’un impossible et douloureux amour ?… Je m’interrogeai sérieusement.
Mais à force de spiritualiser ma tendresse, je l’avais affranchie peu à peu des influences passionnelles. Je n’éprouvais ni les émotions lancinantes, ni les désirs précis qui accompagnent la naissance de l’amour et je ne souhaitais rien d’Hélène qu’elle ne pût m’accorder sans déchoir. Amour de tête, si l’on veut, ou plutôt amitié amoureuse, sentiment incomplet qu’on ne pourrait classer ni définir. J’observais aisément la distance et je respirais la rose sans l’effleurer. Je me croyais en sûreté près d’elle, elle n’avait rien à craindre de moi, et si j’avais parfois des impatiences et presque des jalousies d’amant, je n’étais même pas tenté de baiser sa jolie main blanche. J’aurais préféré lui baiser la joue fraternellement.
Il était donc bien avéré que je n’aimais pas Hélène de cette grossière et brève ardeur qui, toute animale et décevante qu’elle soit, con-