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Jamais encore Hélène ne s’était départie de sa réserve accoutumée ; auprès d’elle je me sentais intimidé et contraint. Désormais, j’aurais, avec des allures plus aisées, un franc parler presque fraternel. J’allais pénétrer dans l’intimité morale de cette femme si différente de toutes celles que je connaissais ; j’allais posséder une petite part d’elle-même, respirer ce délicat parfum de la tendresse féminine qui charme sans enivrer. Sa beauté même m’appartiendrait un peu, pendant les heures de nonchalante causerie où ses beaux yeux liraient dans les miens l’admiration mêlée de respect et la sollicitude permise.

Dans l’escalier, je rencontrai Lauten qui montait lentement, la tête basse et l’air sombre.

Je me félicitai de sa germanique humeur. Quel bizarre caractère ! Et, pourtant, lui aussi était l’ami d’Hélène ! Mais je me croyais si fermement le « meilleur ami ».