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penchée vers le feu, toute pensive, et bien touchante dans son attitude de vaincue, avec le jeu des reflets dans sa chevelure et ses beaux bras nus qui sortaient des manches larges de sa robe en crêpe gris.

Je lui racontais ma promenade à travers le Paris de novembre, le morne Paris de la Toussaint. Et l’automne avec son cortège d’agonies et d’adieux, nous conduisit insensiblement à parler de nous-mêmes qui avions vu, sans doute, décliner et mourir tant d’espérances et d’affections. Ensemble, nous discutâmes l’éternel problème de la Destinée, et le mot d’ « amour » se trouva tout à coup sur nos lèvres sans que nous l’eussions prémédité.

Je n’eus pas besoin d’aveux précis pour comprendre quelles désillusions Hélène avait rencontrées dans le mariage. Comme beaucoup de femmes trop pures pour chercher l’amour hors du chemin permis, elle se consolait en niant passionnément l’existence de ce sentiment tel que le rêvent les poètes et les jeunes filles. Et non seulement elle se refusait à reconnaître