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naturalisation, ni l’éducation française, ni le sang d’une mère parisienne, célèbre par sa beauté et sa frivole élégance, n’avaient prévalu contre l’hérédité germaine. Nous n’acceptions pas Lauten comme notre compatriote, tant les différences de race, et de tempérament étaient nettement tranchées. Cet homme de trente ans, méditatif et concentré, regardait de haut nos turbulences de Latins. Nos intelligences même ne fraternisaient pas. Lauten n’aimait que la poésie et la musique, dédaigneux des arts plastiques qui matérialisent le rêve en le limitant dans la prison des contours. Il demeurait donc un peu à part dans la bande amicale que nous formions ; mais sans familiarité, nos relations restaient courtoises.