femme était partie pour Fontainebleau. Elle habitait, quatre mois par an, une villa blottie sous les hêtres et les trembles argentés. Chaque jeudi nous débarquions en bande, Holler, Morbrandt et moi, certains de trouver à la gare Paul Hervigny et le blond Lauten, qui, plus heureux que nous, avaient pu s’établir à Moret. L’absence de M. Beauchamp donnait à nos réunions une gaieté plus libre, dont Hélène ne s’offensait point. Je savais même que Lauten venait fréquemment déchiffrer avec elle les partitions de Wagner et j’en éprouvais secrètement une petite jalousie. L’intimité n’avait pu s’établir entre nous, bien que ce grand garçon impassible m’intéressât particulièrement. Quand il écoutait Parsifal ou Tristan pressant dans sa main son front harmonieux et large comme le portique du temple de l’Esprit, je pensais à ces jeunes hommes de la vieille Allemagne, mystiques et guerriers, qui rêvent d’amour et de philosophie en traînant leur sabre d’étudiant dans les rues d’une ville gothique, au bord d’un fleuve calme où tremble le reflet des cathédrales. Ni la
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