femme lui demeurait attachée et montrait un soin dévoué de son bien-être et de ses intérêts. Peut-être l’aimait-elle à sa façon, comme elle-même en était aimée : par la force de l’habitude, la solidarité que la communauté du nom, de la fortune et du lit crée entre la plupart des époux.
Hélène m’apparaissait comme une femme bonne et tendre, au cœur paisible, aux sens glacés, éprise d’art et de littérature, dominée par le sentiment du devoir et une peur d’hermine pour toutes les souillures. Et je me résolus à goûter la douceur d’une affection qui s’offrait quasi fraternelle, tout en observant la fameuse, l’indispensable distance. D’ailleurs, je suis, par tempérament, plus passif qu’agressif, plus sentimental que passionné, l’homme du rêve plutôt que l’homme d’action, capable d’aimer la femme pour elle-même, sans calcul égoïste ni brutalité. Je l’aime comme une belle fleur, embaumée et harmonieuse, qui aurait la parole et le regard. Qu’elle soit heureuse et belle… je puis l’admirer sans la cueillir.