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de cité. Je ne sentais plus autour de moi ces jalousies latentes spéciales aux petits cercles où le nouveau venu est souvent tenu en suspicion.

J’eus alors la vraie joie de comprendre que j’étais particulièrement sympathique à madame Beauchamp et que nos relations simplement cordiales prenaient chaque jour une nuance plus affectueuse.

Ce ne fut pas sans inquiétude que je reconnus la puissance du charme dont cette femme m’enveloppa. Je voulus scruter son âme, étudier sa vie, avant de remettre en ses mains cette part de mon âme qu’elle semblait me demander. Sait-on jamais où mène cette route périlleuse et fleurie de l’amitié féminine, bordée de chaque côté par les précipices de la perfidie, de la coquetterie, du caprice et qui aboutit parfois aux abîmes de la passion ? La petite enquête que je tentai me rassura vite. Madame Beauchamp n’avait jamais été effleurée d’un soupçon. On ne lui connaissait pas d’ennemis, et si les femmes qu’elle fréquentait, en leur qualité de femmes, lui pardonnaient difficilement