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célèbre médaillon qui représente Schiller dans sa jeunesse. On l’appelait Franz de Lauten.

Holler, plus affable en sa qualité de demi-confrère, m’accapara immédiatement. Hervigny et Deschamps se tenaient sur la réserve, sans froideur mais sans enthousiasme. Je sentis qu’il me faudrait les conquérir l’un après l’autre et que leurs regards croisés semblaient déterminer et limiter à l’avance la place que j’occuperais parmi eux. Mais, j’étais plein de bonne volonté, trop jeune et trop inconnu encore pour leur faire ombrage. Aidé par Morbrandt notre aîné à tous, l’homme aux fortes amitiés et aux rudes franchises, j’espérais me faire accepter.

Cependant madame Beauchamp s’était mise au piano, et M. de Lauten, le violon à l’épaule, vint se placer près d’elle.

Dans le silence du salon une grande plainte harmonieuse monta tout à coup, tendre et déchirante, accompagnée et suivie par un déroulement d’accords profonds et larges comme les vagues régulières de la mer. Le violoniste