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UNE AMITIÉ


Mes amis m’avaient beaucoup parlé de madame Beauchamp et je la connaissais déjà — vingt-huit ans, grande, gracieuse et grave avec de beaux yeux tristes sous la soie châtaine de ses longs bandeaux, — quand un soir de février 1890, Morbrandt me présenta chez elle. Il m’avait dépeint le mari, alors député de X…, un de ces fantoches politiques, vides et sonores comme des grelots. J’avais cru voir, depuis longtemps, le salon du boulevard des Invalides, le sobre et luxueux décor, les visages familiers entourant madame Beauchamp assise au piano,