Page:Tinayre - L Oiseau d orage.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.

femmes, vraies Charentaises, ont le nez pointu, l’œil pointu et l’accent pointu. Si je me résigne à la pluie, à la fièvre, aux cancres du lycée, aux grâces pointues des dames de Rochefort, c’est que je dois gagner ma vie pour devenir un jour le fils de vos rêves, gloire de l’Université, honneur de la Sorbonne et terreur des candidats au bachot.

» Pour secouer ma mélancolie, j’avais résolu de passer quinze jours dans la grande île et j’étais parti pour Oléron avec ma bicyclette et mon sac bouclé sur mon dos. Après quelques jours de pédalage, je m’étais reposé à Saint-Trojan, — un tout petit village situé entre la forêt et la mer, à l’extrémité sud de l’île, — et là j’avais trouvé des coins de paysages japonais, des pins noirs découpés sur la mer couleur de lapis, au bord de sables orange. Mais, au lieu de samouraïs de laque et de mousmés en porcelaine, parées de soies éclatantes, je trouvais des parqueuses d’huîtres affreusement affublées de culottes courtes et de capelines ou « kichenotes ». Je suppose que la Vénus des