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peut-être, cette fille que Chaumette avait reçue, qu’il élèverait, qu’il aimerait.

— C’est la petite Marthe-Marie, dit Chaumette.

Ensemble, ils avaient choisi ce nom qui réunissait, par un sentiment de piété gracieuse, les noms de ces deux sœurs de Lazare que Jésus aima. Marthe-Marie : celle qui travaille, celle qui rêve, les deux parts de la vie de la femme se complétant l’une par l’autre, pour la sagesse et le bonheur.

La mère ouvrit ses yeux, profonds comme des puits d’ombre. Alida lavait la petite, et Marthe écoutait le vagissement grêle qui troublait douloureusement son cœur… Une fille, une pauvre créature vouée à l’amour cruel de l’homme, qui pleurerait, souffrirait, concevrait à son tour pour perpétuer la misère humaine. Une fille, hélas !

— Veux-tu la voir, dit Pierre. Sois raisonnable. Ne t’émeus pas.

Il tenait l’enfant couchée à plat sur ses fortes mains. Il avait un beau sourire d’orgueil et de