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sels, l’encouragea à marcher encore. Elle tenta d’obéir. La douleur, au bout de trois minutes, se renouvela, foudroyante. Marthe cria. Une clameur sourde sortait de sa gorge, montait, montait encore plus aiguë dans le paroxysme de la souffrance, déclinant avec elle pour renaître et grandir aussitôt. Alida s’empressait, détachait les vêtements de la jeune femme, nattait ses longs cheveux, préparait le lit. En quelques minutes, le visage de Marthe avait changé. Des gouttes de sueur se formaient sur ses tempes, glissaient comme des larmes, se reformaient instantanément. Ses yeux, si doux, se dilataient avec un regard d’agonie. Broyée dans une ceinture de fer, glacée, ne sentant plus la vie que par ses tortures, elle s’évanouissait presque contre la poitrine de son mari. Les phénomènes de l’accouchement se précipitaient. Chaumette enleva sa femme dans ses bras robustes et la posa sur le lit. Elle jeta un grand cri, un cri de bête. Son front se renversa dans le flot noir de ses cheveux, ses mains se crispèrent sur le drap. Dans la chambre,