Page:Tinayre - L Oiseau d orage.djvu/212

Cette page a été validée par deux contributeurs.

prêtre ; mais, au moment suprême, son cœur défaillait.

— Allons, dit Chaumette, ne nous alanguissons pas. Il faut être brave. Je réponds de tout.

Toute la matinée, Marthe surveilla les préparatifs. Elle fit conduire Georges chez une voisine et, assise devant le grand feu qu’on avait allumé, elle disposa, dans une corbeille, les premiers petits vêtements. Insensible à la souffrance, sans plainte, sans terreur, elle plia la chemise de toile fine, les mignonnes brassières, les langes épais et légers. Puis elle s’approcha du berceau. Elle l’avait garni elle-même, émue parfois d’une tendresse indécise pour l’enfant qui dormirait là. Ses larmes avaient coulé sur les dentelles ; l’ombre des rideaux avait caché l’accablement de son front et, souvent, en maniant les tissus légers, Marthe avait oublié sa peine. Tout était prêt, maintenant. Sur la nacelle de soie bleu pâle, un volant de guipure retombait, encadrant l’oreiller brodé, l’édredon gonflé d’un duvet