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comme les seuls monuments consacrés aux morts inconnus, aux morts dont les âmes communiaient avec les âmes chères des parents et des amis défunts, là-haut, dans l’Église triomphante.

Marthe s’assit à l’écart, sur le dernier banc. Le jour de cinq heures était déjà crépusculaire. L’odeur des jacinthes fleurissant l’autel de la Vierge se mêlait à l’odeur d’encens dont les murs étaient imprégnés. Marthe sentait sa peine se dissoudre dans ces parfums, dans ce clair obscur qu’étoilait le lumineux rubis de la lampe du sanctuaire suspendue par trois chaînettes d’or.

La porte s’ouvrit. Mère Marie entra, précédant une troupe de jeunes filles qui défilèrent deux par deux, dans un muet recueillement. Les plus jeunes n’avaient pas moins de douze ans ; quelques-unes se fanaient déjà. Deux vieilles suivaient, coiffées de l’antique coiffure oléronnaise, véritable mitre de mousseline montée sur un carton. Aux rubans bleus qui se croisaient sur leur poitrine, à leurs médailles