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rien, ne risquez pas d’égarer un ressentiment sacrilège sur la chair et le sang de votre mari. Je vous interdis toute autre hypothèse ; je vous défends d’arrêter votre pensée sur les détails de votre faute. L’absolution l’efface. Celui qui en fut le complice sera pour vous comme s’il n’avait jamais existé.

— Est-ce possible, dit Marthe, je pourrais oublier !

— À cause de l’enfant, oui. Son intérêt doit primer le vôtre. Ne vous complaisez pas dans la langueur mortelle de vos souvenirs. Vous aimeriez votre tristesse et peu à peu, le goût de la vie mourrait en vous. Vous n’êtes pas une nonne contemplative. Vous avez des devoirs actifs. Allons, secouez la cendre et la fange du passé. Avec vos douleurs et vos remords, créez en vous un amour nouveau pour une vie nouvelle. Unissez, dans la même tendresse, votre mari et vos deux enfants.

Elle joignit les mains.

— Vous me sauvez.