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— Mon cœur… mon cœur brisé, mon cœur coupable et puni…

Le prêtre s’accouda au bord du guéridon, sa main cachant ses yeux, comme pour s’isoler de la pénitente, qui ne devait plus être qu’une voix. Un rayon de soleil, par la fente du volet, frappait de sa flèche d’or le corsage bronzé de la dame qui minaudait sur le cadran. Dans la rue vibraient des rires de petites filles. Et saint Joseph, le Pape, le Christ au cœur brûlant, semblaient écouter, frais et roses, avec des sourires pareils.

Marthe fit un signe de croix et récita le Confiteor, puis il y eut un silence.

Elle dit enfin :

— Mon père, il y a presque une année que je ne me suis approchée des sacrements. J’avais toujours été pieuse sans pratiquer avec une dévotion assidue… J’étais heureuse. Ma conscience ne me reprochait rien de grave et l’obligation de la confession m’était pénible car je n’avais pas de secrets. J’ignorais combien il est nécessaire à notre faiblesse de rejeter, devant