souple comme un jonc. Ses joues gardaient un éclat vermeil sous leur hâle. Elle avait l’âpre saveur des mûres qui rougissent sur les branches épineuses avant leur pleine maturité.
Marthe admira le carreau fraîchement lavé, la gaine luisante de l’horloge, les belles images du mur, représentant la Russie et la France enlacées sous un portrait de M. Carnot. Dans un coin de la cuisine, un rideau cachait le berceau de bois où dormait un enfant brun, coloré et potelé qui ressemblait à sa mère.
Au bruit des voix, il s’éveilla et Chérie le prit dans ses bras pour le calmer.
— N’est-ce pas, elle est forte, elle est bien forte pour une petite de dix mois ?
— Elle est superbe, dit Marthe en caressant la joue de l’enfant.
— Ah ! vous l’avez vue jeune, madame Chaumette. Elle n’était pas aussi jolie que maintenant. Elle faisait peur au monsieur de Paris. T’es belle, maintenant ; t’es belle, mon amour !
Marthe rêvait. Demarcys n’aimait pas les