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la capote du vieux cabriolet qui la préservait de la brise, Marthe était soutenue par des coussins ingénieusement disposés. Déshabituée de l’air vif, elle respirait avec délices, et Chaumette attentif voyait passer sur son visage un reflet de la beauté d’autrefois.

Les aspects de l’île changent peu. La lumière, intense ou discrète, marque seule le passage des saisons sur ces rivages où dominent trois éléments essentiels : la mer, les sables, la forêt. La mer répète, bleue ou glauque, irisée ou grise, la variété infinie du ciel. Les sables pâlissent ou se dorent ; le couchant, parfois, les nuance d’un délicieux rose orangé ; les pins dressent des parasols noirs ou des tentes d’émeraude, et les combinaisons des couleurs jouent dans des lignes fixes sans modifier le caractère du paysage. On voit peu de champs cultivés. Çà et là, des vignes, des maïs aux frissonnantes chevelures et, dès juin, les longues bandes fauves des seigles, des avoines, des blés. Mais ces détails se perdent dans le cadre immuable des sables, des salines, des pins. Le soleil voilé,