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qu’elle avait visitée au bras du jeune homme. Elle restait prisonnière du passé, mieux enfermée dans le cercle de ses souvenirs qu’Oléron dans sa ceinture de vagues.

Elle avança. L’eau clapotait en bas, à quelques mètres d’elle, et de cette eau troublée comme une âme, un conseil montait, un appel de mort.

Et Marthe, les flancs brisés par son fardeau, le cœur triste jusqu’à l’agonie, se penchait, attirée invinciblement. Le gazon ras des talus, autour d’elle, blondissait dans la lumière. Des promesses de vie couvaient sous les noires écorces, aux creux des pierres où les renoncules d’or fleuriraient bientôt, dans les yeux étonnés de l’enfant qui admirait toutes choses, dans la chair féconde de la femme qui voulait mourir.

Elle se pencha encore. Une voix effrayée cria :

— Maman !

Georges tirait Marthe par sa robe.

— Oh ! petite mère, j’ai cru que tu tombais… J’ai eu si peur ! Oh ! ma pauvre maman !…

Il pleurait dans son épouvante. Alors, ce