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la chambre de Marennes, la nuit de vertige et de volupté. Le souvenir des caresses de Jean pénétrait en elle comme un fer rouge, et, frémissant des angoisses maternelles, l’enfant, dans son sein, tressaillait plus fort.

Souvent, réfugiée dans les bras de Pierre, Marthe avait senti naître en elle la tentation de l’aveu. Elle n’avait plus de parents, elle n’avait pas d’amis et elle arrivait à ce moment où, le secret qu’on porte écrasant l’âme, il faut parler ou mourir. Un seul être l’aimait assez pour la rattacher à la vie, et c’était le seul qui ne pût l’entendre. Car si Pierre Chaumette était bon et noble, entre les hommes, Marthe n’avait pas le droit d’exiger de lui un héroïsme surhumain. Elle sentait qu’il pardonnerait peut-être devant l’excès de son infortune, mais que son bonheur, intact encore, resterait frappé à jamais.

Elle devait donc s’ensevelir dans ce tombeau du silence que la naissance d’un fils de Jean refermerait sur elle avec des portes de triple airain. Dans sa nuit, une lueur passait, fugitive : l’espérance que le nouveau-né affirmerait par