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bois, dans les blondes solitudes des plages… Ah ! jeunesse de l’amour, goût délicieux de la vie !… Le vent qui ébranlait la maison avait passé sur la mer, soulevé le sable où Marthe s’était assise, où Jean s’était couché à ses pieds… Elle n’était pas revenue, là-bas, depuis… L’épave qui leur avait servi de banc, lentement ensablée, gisait sans doute dans les profondeurs de la dune. Tout près, ils avaient rencontré un squelette d’oiseau, un pauvre petit squelette dont les os blanchâtres avaient craqué sous les pas de Demarcys. Elle s’attendrissait à ce souvenir. L’amour n’avait-il pas traversé sa vie comme ces oiseaux qui se plaisent dans la tempête, jettent leur cri strident sous le ciel noir, et tombant, les ailes brisées, ne touchent la grève que pour mourir ?

Les heures sonnaient l’une après l’autre et Marthe ne s’endormait pas. Elle revoyait le soleil rouge sur la mer, la forêt mystique embaumée du parfum crépusculaire qui montait des acacias. Le premier baiser glissait de ses cheveux à sa bouche. Et, tout à coup, c’était