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reproche ! Vous avez été si parfaitement correct qu’une rancune, venant de moi, vous paraîtrait moins pénible qu’injuste. C’est à moi seule, à mon peu de clairvoyance et de sagesse, que j’attribue mon malheur actuel. Je ne vous avais demandé aucun engagement… Je n’ai pas su apprécier, comme il le méritait, ce sentiment que vous appeliez votre amour et que je connais aujourd’hui sous son nom véritable — un nom moins poétique et moins beau. Vous avez mis un terme à notre malentendu réciproque, car nous ne nous étions pas bien compris : vous n’aviez besoin que d’une femme, et je vous offrais un amour. Ma faute m’a coûté cher. Que la vôtre vous soit légère ! Elle est si naturelle aux hommes qu’ils l’avouent avec fierté. D’ailleurs, les affres d’une paternité illégitime contristaient la sensibilité de votre âme et la délicatesse de vos nerfs. Mais, rassurez-vous : l’enfant n’est pas à vous ni à personne : il est à moi. Je l’aimerai par devoir, si mon affection hésite devant la redoutable image de vos traits. Et je ne vous dis pas que je vous pardonne, n’ayant rien à