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soumis, si empressé. Nous avons vécu des heures si délicieuses…

— Nous en vivrons d’autres, de meilleures, si vous m’aimez vraiment.

— Hélas ! je vous aime trop. Parce que je ne vous parle jamais de mon mari et de mon fils, vous ignorez par quelles souffrances quotidiennes j’expie la faute de vous chérir. Je vous vois rarement ; nous allons être séparés pendant deux longs mois et vous ne pourrez pas m’écrire… Je ne saurai rien de votre vie, de vos actions, de vos plaisirs. Est-ce le bonheur, Jean ? Le bonheur, c’est la certitude de ne jamais quitter celui qu’on aime. Et je n’ose même pas vous dire toutes mes pensées. Je suis timide et gênée auprès de vous, craignant toujours d’être obsédante ou ridicule. Parfois, je vous sens irrité, et notre amour troublé, incertain, inassouvi, me fait regretter l’amitié d’autrefois.

— Pourtant, Marthe, si je vous demandais de tout quitter pour me suivre, vous me répondriez que vous aimez encore votre enfant et votre mari.