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Près de lui, Marthe, surmontant mal son trouble pudique, gardait l’attitude paisible d’une honnête femme de province qui tremble, cède et se repent. Loin de Jean, la nostalgie lui arrachait des cris qui venaient de l’âme. Depuis sa faute, elle vivait dans la terreur d’être moins aimée, dans la chimère d’éterniser cette forme passagère de leurs sentiments qui avait précédé la crise suprême. Marthe n’était pas heureuse, parce que l’ancienne tendresse avait disparu parce qu’elle n’était pas encore accoutumée à leurs rapports nouveaux. Elle n’était plus l’amie de Demarcys ; elle n’était pas sa maîtresse. Son accent, ses craintes, ses désirs contredisaient sa situation.

Demarcys était si parfaitement sûr de ne mériter aucun reproche, qu’il ne fut pas surpris de n’en point recevoir ; mais il craignait une apologie de Chaumette, des réflexions morales et gémissantes, ridicules comme un roman de madame Cottin. La discrétion de Marthe l’enchanta. « Elle est jolie, elle a du tact ; elle n’a pas de vice. Je serais bien bête de la négliger,