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veille, quand il pouvait encore hésiter et délibérer. L’événement accompli supprimait les colloques entre la passion et la conscience.

Pourtant, ce ne fut pas sans un vif battement de cœur que le jeune homme débarqua au Château, un dimanche matin, huit jours après l’aventure de Marennes. Il avait espéré une lettre de Marthe, et cette lettre n’étant pas venue, l’égoïsme de Jean s’était attendri en imaginant la jeune femme malade ou accablée de désespoir. Chaumette était sur le quai. Demarcys respira en constatant que le docteur avait toujours le même visage serein. Il prit avec un peu de honte la main qu’on lui tendait, et, sans affecter trop d’empressement, il s’informa de madame Chaumette.

— Elle va bien, quoique son voyage l’ait un peu fatiguée. Il paraît qu’elle vous a rencontré à Marennes. Vous connaissez donc quelqu’un à Bourcefranc ?

— Oui, un M. Lagneau qui a deux fils dans ma classe. Il m’avait invité à déjeuner chez lui. En revenant, j’ai eu la curiosité de