Page:Tinayre - L Oiseau d orage.djvu/121

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Elle se tut. Ne devinait-il pas sa pensée ? Mais au lieu de s’en aller, elle restait à le regarder, muette, sérieuse, comme si elle voulait remplir ses yeux de cette image chérie et l’emporter dans les nocturnes ténèbres pour la contempler jusqu’au jour. Un pouvoir inconnu la clouait au sol, devant le jeune homme. Il l’observait, plus maître de lui, plus sagace, dans l’ivresse du désir qu’il sentait partagé.

Elle soupira, d’une voix faible :

— Adieu, adieu, Jean.

— Adieu, dit-il, puisque vous le voulez.

Marennes dormait sous le ciel étoilé, dans la plaine coupée de lagunes, entre la Seudre limoneuse et la plage aux maigres pins. Dans les maisons, les lumières s’éteignaient une à une.

La servante, ensommeillée, apporta des bougeoirs aux voyageurs et les salua d’une voix dolente :

— Bonne nuit, madame Chaumette. Bonne nuit, monsieur.

Ils s’engagèrent dans l’escalier, tandis qu’elle éteignait la lampe du vestibule.