Page:Tinayre - L Oiseau d orage.djvu/120

Cette page a été validée par deux contributeurs.

délicieux, mais la réalité m’est chère… Est-ce vous, ma bien-aimée, qui êtes ici, en face de moi ? Je n’y puis croire. Regardez-moi. Souriez… Jamais je ne vous ai vue si belle. Laissez-moi baiser ces yeux que j’ai fait pleurer.

Elle protesta, mais il l’attirait à lui, et, longuement, il baisait les paupières qui frémissaient sous ses lèvres. Elle murmura une fois encore : « Laissez-moi. » Pourtant, elle ne détournait pas la tête, conquise par la douceur de cette caresse chaste encore et qui ne l’effrayait déjà plus.

Une porte craqua. Ils se séparèrent, si violemment émus, que chacun d’eux, dans le silence, crut percevoir le double battement de leurs deux cœurs. Personne n’entrait. C’était une fausse alerte. Dix heures sonnèrent au clocher.

Marthe se leva, passant sa main sur ses yeux éblouis.

— Vous êtes si fou que vous me rendez folle. Adieu, Jean, Il faut que je me retire, cela vaut mieux.

— Cela vaut mieux. Pourquoi ?