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bizarre, elle regrettait non pas sa résolution, non pas sa lettre, mais la trop complète obéissance du jeune homme à ses volontés. Pourquoi ne passait-il pas sous sa fenêtre, lui qui connaissait son logis ?

Dehors, quand elle croyait le voir, elle ressentait un choc en plein cœur, une secousse spasmodique, et elle restait pâle de sa déception. Le jour de son départ arriva. Une hardiesse irréfléchie la fit errer autour du lycée, puis traverser la rue où demeurait Jean. D’un coup d’œil furtif, elle entrevit les volets mi-clos, les volets de cette chambre où elle n’avait pas voulu entrer.

— Il ne m’aime plus.

Cette pensée affola Marthe. Hors de son foyer, loin de son mari et de son enfant, elle se sentit faible tout d’un coup, faible et misérable, livrée aux tentations, aux convoitises, aux regrets. Elle connut, pendant toute une journée, l’amertume de la vertu, le poids du devoir. Quel maléfice respirait-elle dans cette ville où habitait Jean ? Elle le vit chez mademoiselle Mori-