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et qu’il ne sache point vivre seul, si les joies de la création ne contentent que son cerveau et non pas sa sensibilité frémissante, il réclamera l’ordinaire bonheur des autres hommes, et à peine le possédera-t-il qu’il en découvrira la médiocrité. Il aura trahi l’idéal — pour rien — et l’idéal a des revanches !

Il est vrai que le bonheur est dans l’accomplissement du devoir, mais le devoir de tout homme n’est-il pas de remplir son destin ? Et comment remplir son destin, si par indolence ou lâcheté on se refuse à le connaître ?


Georges revint à Paris. Il ne savait pas exactement ce qu’il allait dire et faire. Résolu à garder Béatrice, il ne voulait pas l’imposer à Pauline, et il croyait que le divorce serait préférable à tous les compromis.

Il trouva sa femme bien portante, un peu alourdie, installée dans sa quiétude comme dans un bon fauteuil. Tout, dans la maison, avait un air paisible et définitif. L’emploi des heures était réglé d’avance. Les domestiques étaient mieux stylés qu’en Angleterre ; les