Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/54

Cette page a été validée par deux contributeurs.

soirs de Venise, jetait vers Mathilde perdue le sanglot suprême de Tristan. Toujours, dans ces vies glorieuses, la femme apparaissait, incitatrice ou consolatrice… Schumann avait Clara Wieck, Chopin avait George Sand, Berlioz avait aimé, jusque dans la vieillesse, Wagner avait oublié Mathilde Wesendonck pour Cosima de Bulow…

Clarence avait Pauline. Il était seul.

Comment n’eût-il pas cédé aux ordinaires tentations ? Il chercha le plaisir, à défaut de l’amour, parmi les femmes de théâtre et les mondaines ; mais, tout sensuel qu’il fût, la volupté lui laissait un goût de cendre. Il étouffait d’une tendresse inexprimée, inemployée, qui lui gonflait douloureusement le cœur, qui lui montait aux lèvres et aux yeux… Parler, pleurer ?… La niaiserie sentimentale de ses maîtresses lui rendait bientôt, malgré lui, l’orgueilleuse pudeur du silence…


Un imprésario italien qui avait monté Sylvabelle, à Milan et à Rome, voulut monter Parisana. Georges était si dégoûté de son œuvre qu’il refusa, tout d’abord, l’autorisation ; puis,