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cette humilité devant les maîtres qui s’accorde si bien avec le désir de les égaler, — tout ce que Georges Clarence gardait encore de sa jeunesse…

Pendant cette crise douloureuse, le divorce spirituel s’acheva entre les époux. Clarence essaya de vivre seul, plus seul qu’autrefois, seul dans sa pensée, seul dans son désir, seul comme Beethoven ou Michel-Ange. Mais il n’appartenait pas à cette race semi-divine qui ne s’allie pas aux filles des hommes et vit, chaste, sur les hauteurs de l’art pur. Bien loin de ces génies solitaires, il était plus loin encore des artistes au cœur simple, de ces vieux musiciens d’Allemagne qu’on imagine dans leur humble maison, au bord d’un fleuve, composant des chorals et des fugues, instruisant leurs élèves, tenant l’orgue, au Münster, tous les dimanches, vénérant les maîtres et craignant Dieu. Clarence aimait, d’un paternel amour, les troubles et fiévreux génies, — l’orageux Weber ; Ghopin aux nerfs de femme ; le pauvre Schumann, qui entendait, dans sa folie, l’appel des Nixes germaniques et le rire de Loreley ; Berlioz, sarcastique et tendre ; Wagner même qui, dans les