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et son argent. Enfin, elle ne le trompera jamais… Il ne pourra pas dire qu’elle est sottement provinciale, car elle a fait de brillantes études, et elle a eu toujours les premiers prix à sa pension… Mais elle n’a pas la tête dans les nuages ; elle est méthodique et pondérée, et bonne ménagère, avec de fermes principes et le sentiment du devoir. Si Dieu veut exaucer mon dernier vœu, Georges épousera Pauline.

Georges ne voulait pas épouser Pauline. Il n’était pas ébloui par ses premiers prix, ses brevets, sa réputation de « jeune personne tout à fait supérieure ». Il la trouvait un peu pédante et très pot-au-feu… Un vrai tempérament d’institutrice… C’était madame la Raison… Et quand il venait à B…, pour les vacances, il croyait entendre les portraits du cousin curé et des aïeuls magistrats murmurer dans l’ombre du salon : « Épouse Pauline ! »

Il avait une maîtresse jolie, amusante et infidèle, qu’il aimait. Il en avait une autre, moins jolie et plus tendre, dont il était aimé. Sa jeunesse était un beau jardin où chaque femme, en passant, pouvait cueillir une rose… Mais, un jour, l’orage effeuilla tous les rosiers du