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son ennui agacé sous un vague sourire, et répond, au hasard, des monosyllabes que sa femme peut interpréter comme un acquiescement… Il est nerveux, mais il sait être doux, parce qu’il déteste les scènes, les pleurs et les bouderies, parce qu’il a l’inconscient besoin de plaire et d’être aimé, et surtout parce que rien ne le touche, hormis son art et son amour. Cette bonne grâce qui séduit aisément les cœurs, cette facilité du caractère, ne sont que les formes d’une sereine indifférence… Qu’importe à Georges l’opinion d’autrui ? Son bonheur ne dépend que de lui-même, et d’une femme qui est un autre lui-même.

Soudain, il interrompt Pauline :

— Crois-tu que nous ayons l’heure exacte ?

— Oui. Pourquoi ?

— Parce que le facteur devrait être ici…

— Nos pendules et nos montres sont réglées sur l’église, et l’église à l’heure de la gare… Onze heures moins dix.

— Ah !

— Tu attends quelque chose ?

— Rien de particulier… des nouvelles de Budapest.