Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/256

Cette page a été validée par deux contributeurs.

petits-enfants qui naissent… Sa tâche, auprès d’eux, est finie… Elle leur a fait assez de sacrifices, vraiment !… Et elle voit venir l’âge sans crainte, parce que la grande flamme qui a éclairé sa vie brûle encore, plus haute, plus pure. Elle rêve… elle ose rêver à des temps presque heureux, dans une liberté enfin conquise ; elle voit l’enfant de son amour, près d’elle, près du père, dans une maison qui est leur maison… Et, un jour…

Elle ne peut achever… Un spasme secoue sa poitrine…

— Mort !… Il est mort !… Je ne l’ai pas revu ! On l’a emporté sans que je l’aie revu !… Sa femme, ses filles m’ont volé son dernier regard, son dernier soupir… M’a-t-il appelée pour que je meure avec lui ?… A-t-il eu un mot pour toi, un éclair de souvenir ? Je ne sais rien ; je ne saurai rien, jamais : la maison m’est fermée, à présent… Les autres triomphent… Elles ont ses vêtements, ses meubles, ses papiers… mon portrait, le tien, qu’il gardait toujours sur son cœur… Elles ont pris la bague que je lui avais donnée… Elles ont coupé ses cheveux… Et moi, moi, qu’il aima plus qu’elles, moi, son amie, sa compagne de