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la faute maternelle… Bien plus que M. Cheverny elle redoutait toute allusion, tout éclaircissement involontaire, et, si elle avait parlé, un jour, d’une ressemblance, ç’avait été par surprise, et, depuis, elle en avait du regret.

Elle allait venir, douloureuse et brisée, réclamant des consolations, de tendres paroles des larmes mêlées à ses larmes. Elle allait venir pour parler de lui, et de lui seul, pour mesurer, avec un plaisir amer, le vide qu’il laissait dans le cœur des autres… Ces fleurs funèbres des regrets qu’elle voulait cueillir autour d’elle, elle en ferait hommage au mort.

Elle se dirait :

« Comme on l’aimait !… Et moi, je l’aimais mille fois davantage…»

Alors, au moment même de la détente et du soulagement, quand, appuyée sur l’épaule de Robert, elle sentirait que l’enfant, devenu homme, l’entourait de tendresse protectrice, il profiterait de cette faiblesse pour imposer son angoisse, à lui, sa douleur, à lui, sa plainte et sa requête importune ?

Ne serait-ce pas bien cruel ? M. Cheverny eût redouté cette épreuve ; il l’eût blâmée… Sa