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tuteur !… Et mon instinct, ma raison m’ont dit que vous seul étiez maître de me satisfaire, que le secret de mon passé et de mon avenir était entre vos mains…

Il parlait bas, sans gestes, très pâle, avec une véhémence persuasive.

— Marchons ! fit M. Cheverny. Ta marraine pourrait s’inquiéter.

— Vous êtes surpris ? dit Robert. Vous me trouviez distant, fermé… Je n’étais que très fier et très timide. Je souffrais en dedans…

— Hélas ! je l’ai senti, mon pauvre enfant… j’ai deviné ce reploiement de ton âme, et combien de fois j’aurais voulu t’interroger !… Mais nous étions si loin l’un de l’autre !… Mes visites étaient si rares !… Et je n’étais pas d’accord avec ta marraine sur l’opportunité d’une explication…

— Pourquoi ?… Elle m’aime…

— Eh oui !… elle t’aime… Et elle a peur de te troubler…

— C’est le doute qui trouble, parrain. Je crois que la vérité est toujours saine, pour une âme saine… J’étouffe dans l’équivoque où l’on m’a fait vivre… J’en ai horreur…

M. Cheverny soupira :