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tion de le recevoir à Beaugency tous les dimanches. L’internat, ainsi mitigé, ne distendrait pas trop les liens de famille. Mais Robert ressentit un peu de chagrin et de rancune, parce que sa marraine négligea toujours de l’aller voir au lycée. Il l’aimait avec la même faveur inavouée, la même admiration câline ; elle était, à ses yeux, la plus jolie, la plus élégante, la plus délicate des femmes… Cependant le prestige de M. Cheverny augmentait. Robert touchait à l’âge où l’on rêve de conquérir le monde, et le savoir, la force, l’influence, les nobles vertus viriles qu’il attribuait à son parrain lui semblaient un très bel exemple… Madame Lebon, témoin de cet enthousiasme, ne le décourageait pas.

Aux secondes grandes vacances, Robert avait seize ans. L’été torride rendait les sports plus pénibles. Il prit le goût de la lecture, et dévora, en deux mois, toute la bibliothèque de son tuteur, Chateaubriand, Sand, Balzac, Musset, et quelques volumes dépareillés de Maupassant et de France.

Les livres enflammèrent son imagination, émurent sa sensibilité, et les notions déformées