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rence était venue après trois ou quatre gros chagrins et mille petites déceptions.

Mirame n’abondait pas en confidences. Elle laissait à son amant, à ses camarades, le loisir de se plaindre et de se raconter eux-mêmes. Ils la quittaient, charmés, sans rien savoir d’elle ; et elle, qui savait d’eux tout, ou presque tout, accroissait ainsi son expérience. M. Chalouette lui plaisait par ses manières douces, son regard bleu. Elle le croyait très instruit, haut placé dans le monde, sinon riche. Et, d’ailleurs, ce n’était pas pour l’argent qu’elle l’avait suivi. Ce n’était pas non plus pour les charmes de sa personne. Il lui inspirait de la sympathie, de l’amitié ; quelque chose de plus et de moins qu’un « béguin »… Résignée d’avance à « tout », elle évitait de penser à la part de ce tout qui n’était pas le plaisir de la promenade et de la conversation…

… Ils montèrent, de la gare à la ville, par un chemin assez roide. Là, ce n’était plus la campagne, c’était la province : des maisons à deux étages, à volets verts ; des boutiques entrebâillées, des portes à judas, des fenêtres basses aux rideaux empesés… Une place avec de très