Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/170

Cette page a été validée par deux contributeurs.

André trompait son ami, avec beaucoup de remords. Cléri n’avait pas de remords : car, pour elle aussi, le mari était « un bon camarade », et rien de plus. Lui-même ne se privait pas de distractions extra-conjugales et il appelait son épouse « mon petit copain ».

Étrange femme, née et grandie dans les ateliers, qui ne savait rien et devinait tout, gourmande, coquette, sensuelle : — tous les défauts et tant de grâce !

Oui, tous les défauts, qu’elle se faisait tous pardonner ! Elle avait une imagination merveilleuse, du courage et de la belle humeur. Elle avait le bagout de l’artiste et du gavroche, avec des mots exquis et profonds. Elle avait un brave cœur, vite attendri ; c’était charmant de la voir rire et charmant de la voir pleurer.

Elle aimait l’amour, et, pour elle, l’amour s’appelait André Chalouette…

Comme ils s’étaient adorés, un an ! Quelle folie !… Cependant le peintre mystique avait lâché les allégories et les symboles, et il était parti pour Chicago, engagé par un peintre de panoramas. Il avait emmené sa femme. Cléri