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soir, après l’entretien avec Pierrevaux, s’était-elle retirée de lui ? Pourquoi n’avait-il plus senti, jamais, la présence mystique de la morte ? Vainement, il l’appelait… « Oh ! reviens !… Rends-moi l’émotion des premiers baisers ; rends-moi l’agonie des premiers jours de deuil… Tout plutôt que l’apathie où je m’enfonce !… » Ses cris restaient sans écho. Son âme était le désert stérile où la douleur se dresse, tel un sphinx de pierre. Il sentait planer sur lui une réprobation inexplicable, et il ne savait pas d’où lui venait le remords.

Pauline entrait dans l’atelier. Elle disait des paroles sages : « Ne t’obstine pas. Fais autre chose… Tu as bien le temps d’achever ta Symphonie. Remets-toi donc à ton opéra… Tiens ! voici une lettre de ton éditeur. Tes mélodies ont le plus grand succès. On les chante dans tous les salons. »

Elle l’emmenait. Ils se promenaient avec leurs enfants. Comme leur fils était robuste et gai ! Comme leur fille était caressante et délicate ! Ils riaient, et Georges, las de son vain effort vers le sublime, Georges riait avec eux… Pauline connaissait toutes les histoires