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été très bien élevé et qu’il a toujours suivi les sages conseils de sa mère…

C’était un des thèmes favoris de Pauline, qui avait la rage de présenter sa belle-mère, son mari et elle-même comme des personnages de « morale en action ». Elle croyait, par ces pieux mensonges, accroître le respect filial, mais Pierre et Germaine n’étaient pas dupes.

— Mais non, maman, dit le garçon, tu sais bien que papa a été un fameux cancre et un indiscipliné !… Il l’a dit lui-même… Est-ce qu’il est bachelier, papa ?… Non… Et c’est un grand homme tout de même…

— Un grand homme ! fit Clarence en haussant les épaules… Hélas ! ne prends pas exemple sur moi, Pierre ! Imite ton camarade Watson qui « fera beaucoup d’argent ». Aie de la santé, des muscles, du sens pratique et le goût des réalités… Sois médiocre, mon garçon. Le plus sûr bonheur est dans la médiocrité.

Il jeta sa serviette et s’en alla dans le cabinet de travail.

— Ah bien, vrai ! dit Pierre…

Pauline l’arrêta, du regard :

— Quoi ?… Papa plaisante !… Germaine,