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Quand le domestique reparut, pour dire, d’un air de respect, que monsieur Clarence allait venir, Jean Pierrevaux était debout devant la fenêtre. Il regardait mourir le crépuscule de mars. Sur l’avenue, le ciel violacé s’éclairait de trouées jaunes et le vent aigre, mêlé de pluie, traînait l’odeur du printemps.

Le valet alluma la petite lampe électrique placée sur une table, près de la vaste cheminée Renaissance, à hotte et à colonnes, taillée dans un noyer presque noir. Une faible lueur blanche lutta avec les rougeurs inégales du feu ranimé. Sur les murailles, des verdures flamandes moutonnèrent confusément ; des bois dorés, un ivoire, des bronzes chatoyaient çà et là, dans la pénombre.

C’était la pièce aimée de Clarence, où chaque meuble, chaque objet, rappelaient un épisode de ses voyages, où rien n’évoquait le goût et même l’existence de Pauline.

Jean Pierrevaux quitta la fenêtre et marcha lentement autour du salon. Il s’arrêtait devant les beaux meubles du xvie siècle, et touchait les rondeurs luisantes, les profils nets du bois, avec une volupté physique. Ses mains rudes,