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encore ; mais il n’a plus la force du gémissement et de l’appel. Face blême et ravinée, sous les cheveux grisonnants, il s’apaise. Son agonie va finir. Il sait bien qu’il ne peut plus vivre !… L’ombre crépusculaire lui est douce comme l’ombre prochaine de la mort… Il songe :

« Bientôt… bientôt, mon aimée !… Patience !… Je vais à toi… »

Mais, dans les demi-ténèbres, une voix murmure, mouillée de larmes, une pauvre voix qui se fait humble :

« Les enfants, Georges, pense aux enfants !… Pense à moi… J’ai tout supporté pour que tu sois heureux avec elle… Le bonheur passé te laisse un devoir envers nous qui te l’avons permis… Il faut que tu vives, Georges… Nous ne gênerons pas ton deuil ; nous respecterons ta peine… Mais, pour nous, tu vivras… Elle l’aurait voulu ainsi… Elle t’aurait commandé de vivre… »

Il presse la main qui cherche sa main. Il ne répond pas.

Qui donc, femme ou enfants, pourrait le forcer à vivre !